Lors du Forum Économique de Davos, le pasteur Jim Wallis, figure de proue du mouvement social américain
Sojourners, a plaidé pour une nouvelle échelle des valeurs ainsi qu’une redéfinition de la notion de succès. Pour expliquer la crise actuelle, il a repris à son compte les sept péchés sociaux de Gandhi : «Une politique sans principes, la richesse sans travail, du commerce sans morale, du plaisir sans conscience, de l’éducation sans caractère, de la recherche sans humanité et un culte sans sacrifice (ou don de soi)». Sans un changement radical des valeurs, ces péchés vont reprendre leurs droits dès la sortie de la crise.
Au niveau des États et des entreprises, chacun y va de son plan de relance. Mais force est de constater que le monde occidental avance dans le registre des mécanismes économiques plus que d’une réforme des valeurs. Tôt ou tard, l’une ou l’autre des tentatives actuelles permettra d’inverser la tendance économique. Mais en éludant la question des valeurs, de la définition, par exemple, de ce que pourrait être le bien commun, qu’aurons-nous changé ? Les intérêts particuliers sont tenaces. Même le principe de l’assurance a donné lieu à une forme de solidarité intéressée.
Et qu’en est-il de la spiritualité? L’entretien que nous consacre le professeur Jörg Stolz dans cette édition à propos de l’évolution du paysage religieux révèle une tendance identique. L’homo
religiosus du 21e siècle ressemblerait de plus en plus à un pèlerin consommateur, attiré par les lieux où l’offre spirituelle plurielle lui convient le plus et le sert le mieux.
L’Évangile se prête-il à pareille approche ? Il nous bouscule dans notre confort, nous pousse à la repentance, à pardonner à nos ennemis, à aimer notre prochain. À l’heure où chacun cherche de nouvelles certitudes, de quoi se rassurer, les chrétiens montreront-ils la voie, en se démarquant clairement des sept péchés sociaux dont parlait Gandhi?
Christian Willi

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Mars 2009

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