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La vérité existe-t-elle?

Au cours de l'histoire plusieurs conceptions de la vérité ont existé. A laquelle les chrétiens devraient-t-ils se rattacher? Découvrez d'autres articles du dossier consacré à la vérité.
Jérémie Cavin

La vérité existe-t-elle et peut-on la connaître? Longtemps, tout le monde a répondu par l’affirmative à ces deux questions fondamentales. «Selon ce courant dit “réaliste”, la vérité est vue comme l’adéquation entre l’intelligence et la chose. Un énoncé est vrai dans la mesure où ce que vous avez dans votre intelligence correspond à la réalité», explique le philosophe Bertrand Rickenbacher, qui prépare une thèse sur la question du réalisme. On peut donc affirmer, par exemple, que le vent est en soi froid ou chaud, c’est quelque chose d’objectif, de vrai. «Nos sens et notre intelligence nous permettent de porter des jugements vrais sur les choses. Si nous nous trompons parfois, c’est parce que nous évaluons mal certaines situations», précise Bertrand Rickenbacher.
La conception réaliste affirme donc que la vérité existe et qu’il est possible de la découvrir. Y compris en ce qui concerne le bien et le mal? «Oui, par la conscience qui correspond aux sens, mais aussi d’un point de vue moral. Cependant, cette conscience peut être plus ou moins bien aiguisée. Et la foi apporte des lumières supra-rationnelles qui permettent d’encore mieux appréhender la réalité». Pour Bertrand Rickenbacher, la Bible nous oblige à réaffirmer cette conception classique, là où notre société a adopté des conceptions anti-réalistes. Kant, au 18e siècle, a affirmé que l’on n’a pas accès aux choses, mais à leur représentation, tout en admettant une certaine universalité de la morale et de la raison. Par contre, dès Wittgenstein, mort en 1951, on est arrivé à une vision plus «contractualiste» de la vérité: impossible de savoir ce qui est vrai. La vérité est socialement construite; une chose est vraie si les gens et les experts la considèrent comme telle.
Face à cette évolution, les évangéliques sont tombés dans deux travers opposés, note Bertrand Rickenbacher. «Les uns ont succombé à l’esprit du temps et sont devenus relativistes. D’autres ont réagi par un rationalisme extrême», pensant qu’il était possible de faire de la théologie de la même façon que l’on fait de la science, croyant arriver à des vérités absolues, certaines. Or, pour le philosophe, il faut rappeler deux choses: «D’un côté, la vérité existe en théologie, cette science qui consiste à rechercher la vérité sur Dieu et sur ses relations avec l’homme et le monde. De l’autre, n’oublions pas que Dieu est transcendant et que notre connaissance de lui restera limitée, bien que réelle. Par exemple, on ne peut pas saisir la vérité “Dieu est amour” avec la même amplitude que la vérité de la loi de la gravité.»

Jérémie Cavin

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Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – septembre 2014

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