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La tentation du repli identitaire

© Alliance Presse
Quatre spécialistes ont abordé le sujet dans le cadre d’une nouvelle table ronde organisée par le pastorale de Marseille
Xavier Tracol

Le 2 mars dernier à Marseille, quatre personnalités ont étudié l’existence d’un repli identitaire spécifique aux évangéliques, avec des optiques bien différentes.
L’historien et sociologue Sébastien Fath a développé un point de vue scientifique en présentant la thèse de son confrère Olivier Roy : la religion sans culture serait cause d’intolérance et de violence, chez les salafistes comme chez les évangéliques. L’absence de spécificité culturelle ferait de leur message un produit religieux standardisé et anti-intellectualiste. Or pour Sébastien Fath, le cliché d’un groupe socio-culturel barricadé derrière ses certitudes ne peut pas s’appliquer en Occident à cette branche du protestantisme : les évangéliques ne s’appuient peut-être pas sur «les racines de la tradition mais sur les ailes de la conversion» et s’ils sont ouverts aux logiques de marché, les spécificités régionales existent bel et bien. Au Chili, les évangéliques rejettent l’influence états-unienne plus encore que le reste de la population.
Michel Mallèvre a apporté un regard extérieur. Fin connaisseur du monde évangélique de par ses anciennes fonctions de secrétaire de la commission épiscopale pour l’Unité des Chrétiens, le Dominicain a d’abord expliqué le rôle central de Vatican II pour l’Eglise catholique. Selon lui, un parallèle peut être fait avec la structuration actuelle de l’évangélisme français en interne comme vers l’extérieur.
Le pasteur baptiste Michaël Razzano a livré une analyse de l’intérieur. Pour lui, la tendance au repli identitaire, si elle existe bien, est loin d’être fondamentale et son expérience le confirme : pasteur d’une communauté rassemblant plus de trente nationalités en banlieue parisienne, il a précisé n’avoir jamais dû faire face à un tel problème. Il a rappelé les bases théologiques et ecclésiologiques de l’ouverture au monde : «Il faut une évangélisation sensible qui interpelle les consciences, non qui les harcèle», prenant pour exemple les parcours Alpha.
Enfin, l’ancienne ministre Georgina Dufoix a conclu la table ronde par son propre témoignage. Elle a souligné le changement de culture qu’a imposé sa conversion, en expliquant qu’une conversion n’est pas un repli identitaire.  Elle-même s’est ouverte à une culture «où Jésus est au centre». Elle a toutefois précisé : «La Bible est vérité absolue mais ma compréhension de la Bible est relative. Jésus a raison mais les Eglises peuvent avoir tort. L’esprit de raison est dangereux.»

Xavier Tracol

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Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – avril 2010

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