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La recherche de pureté à quitté le terrain de la morale

Le succès actuel du bio et de la santé à tout prix trahit une recherche spirituelle inavouée, là où les religions en restent à une compréhension rituelle et morale de la pureté
Sandrine Roulet

Impossible d’ouvrir un magazine féminin ou de santé sans tomber sur un article concernant les médecines alternatives, les soins par les plantes ou les cosmétiques bio, sans parler des diètes pour épurer le corps de ses substances nocives et des plantes aux vertus dépolluantes pour l’air de votre intérieur. La santé et le bien-être sont les grandes préoccupations du moment. Cet attrait pour tout ce qui est naturel et végétal signale une prise de conscience collective de préserver l’environnement mais aussi, en quelque sorte, l’aspiration de chacun à retrouver une pureté originelle.Robin Reeve, pasteur et théologien, pense que l’intérêt pour les produits naturels démontre le désir de l’homme de se fabriquer son paradis par lui-même. Il voit aussi dans le succès des produits biologiques une peur de la mort et de la maladie. Dans une certaine mesure, en cherchant à s’alimenter sainement, on espère se soigner. Raison pour laquelle il parle de pureté thérapeutique . Néanmoins, cette recherche de pureté n’a aucune connotation spirituelle et reste centrée sur les efforts et les progrès humains.
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Comme les pharisiens
La quête de pureté, dans l’Occident actuel, se traduit par une purification du corps et de son environnement. C’est ce que constate le théologien baptiste Louis Schweitzer : il entrevoit chez les gens un désir de pureté physique, comme celle vécue par les pharisiens du judaïsme antique, qui mettaient beaucoup d’application à rester purs rituellement, selon la Torah et leur tradition. Mais, fidèle à la pensée du Nouveau Testament, «le refus de se souiller extérieurement n’amène pas à une pureté de coeur», conclut Louis Schweitzer. Aujourd’hui, la notion de péché est comprise comme extérieure à soi et non comme intrinsèque à la nature humaine. C’est un renversement par rapport à l’Évangile, où Jésus indiquait que la contamination ne venait pas d’abord de l’extérieur : «Ce n’est pas ce qui entre qui souille, mais ce qui sort.»«La quête de pureté est très liée à la culture d’origine d’une personne», remarque encore Ioan Fauca, directeur de l’Institut OEcuménique de Bossey, lieu de séminaires et de retraites pour des groupes de paroissiens ou d’entreprises. Dans les spiritualités orientales, qui ont passablement influencé l’Occident depuis deux générations, la pureté a une grande place. Ioan Fauca qualifie de pureté «extérieure » (par opposition à la pureté intérieure) la volonté de la plupart des gens d’entretenir de bonnes relations avec le monde et les autres.

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