La sortie du livre-témoignage de l’essayiste Jean-Claude Guillebaud est un événement. En effet, impossible de le rater dans les rayons des libraires remplis de confessions de penseurs athées et agnostiques. Dans Comment je suis redevenu chrétien, l’auteur retrace le questionnement spirituel qui a émaillé son existence et l’a rapproché de la foi chrétienne, en particulier en tant que journaliste et essayiste.
Autant le dire d’emblée, cette confession n’est en rien comparable aux témoignages auxquels nous ont habitués les éditeurs confessionnels. Car le retour au christianisme de Jean-Claude Guillebaud ne relève pas d’une révélation mystique, d’une rencontre personnelle avec Dieu chère aux évangéliques. Elle est le fruit de rencontres et de questionnements existentiels, d’une confrontation avec des philosophes, bref d’un cheminement avant tout intellectuel.
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Une réflexion née de la curiosité
Sollicité pour donner des conférences, participer à des débats ou répondre à des interviews, Jean-Claude Guillebaud s’est retrouvé à plusieurs reprises confronté à la question: «Êtes-vous chrétien?». Ou des chrétiens lui ont dit combien leurs analyses, leurs discours respectifs se rejoignaient. Il est vrai que la lecture des nombreux essais de l’ancien grand reporter du Monde suscitait en effet de la curiosité sur sa posture religieuse.
Mais ce que ses lecteurs ne savaient pas, c’est que l’auteur se posait justement lui aussi la même question. C’est son agacement face aux attaques anti-chrétiennes littéraires, politiques et académiques, ainsi que sa conviction de la nécessité du dialogue culturel qui l’ont motivé à approfondir cette réflexion. Depuis un certain temps, il laissait même transparaître sa démarche lors de
conférences publiques comme à Lausanne, au courant de l’automne dernier.

Trois cercles
Jean-Claude Guillebaud a structuré sa réflexion en trois cercles. Dans le premier, il repère les traces du judéo-christianisme dans l’histoire et en particulier dans la modernité.
Le second cercle qu’il développe dans son ouvrage concerne la subversion du christianisme, référence explicite au penseur protestant Jacques Ellul, qui fut aussi son professeur durant ses études. Il y analyse les conséquences de ce Dieu qui s’efface devant le libre arbitre humain et du parti-pris pour le faible contre le persécuteur apporté par Christ.
Enfin, dans le troisième cercle, l’auteur confesse qu’à un certain moment se pose la question de la foi, cette décision de faire ou non confiance au message biblique. Jean-Claude Guillebaud témoigne des éléments qui l’ont conduit à faire le choix de la confiance, ne cachant pas au passage certaines distances avec l’institution catholique qu’il fréquente.
Cet ouvrage constitue une preuve, si besoin était, que la raison n’est pas toujours un obstacle à la foi. Qu’elle peut conduire à cette décision de foi. Édifiant!
Christian Willi

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Avril 2007

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