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La dispute, Episode 7: Servir Dieu avant les hommes

Luc se méfiait des beaux discours, des démonstrations creuses et dépourvues de vie. Il aspirait à voir le Royaume de Dieu se révéler dans des actes concrets. Il comprenait, en cet instant, que sa juste aspiration l’avait parfois empêché de reconnaître qu’une intelligence vivifiée par l’Esprit devenait une arme puissante contre l’ignorance et les traditions mortes. Bientôt la voix de Jean Calvin se tut. Un silence suivit ses paroles. Puis un moine s’adressa aux prédicants de sorte que toute l’assemblée puisse l’entendre: - Je reconnais et confesse que j’ai été longtemps abusé, en croyant servir Dieu et suivre ses commandements, même vivre en état de perfection, comme on m’avait donné à l’entendre. Mais j’ai été serviteur des hommes et non pas de Dieu; j’ai gardé leurs traditions et commandements. Mais maintenant, j’ai entendu la vérité: qu’il faut se tenir à Jésus seul, en lui seul se fier et s’arrêter à sa parole, sans prendre autre règle ni ordonnance que celle de Jésus, sans prendre autre chef ou conducteur et sauveur de nos âmes que lui seul, qui est notre justice, sanctification et rédemption, et qu’il n’y a point d’autre satisfaction ni purgation pour la rémission des péchés que lui, qui par son sacrifice, nous a rendus agréables à Dieu le Père. Ainsi je confesse que je veux vivre et mourir suivant sa sainte Parole et selon l’Evangile, en demandant pardon à Dieu de tout ce que j’ai fait, dit et enseigné contre son honneur et sa Parole. A peine eut-il confessé sa décision que les Réformés en liesse accueillaient Frère Tandy, à bras ouverts, au grand dam des papistes. Guillaume Farel éleva une prière de reconnaissance pour cet homme qui choisissait de suivre le Christ plutôt que son ordre. - A partir de maintenant, dit le portier, les choses vont changer. Jean Tandy vient de faire une brèche dans le mur de l’opposition sans même s’en rendre compte. Pardonnez-moi, jeunes gens, j’ai beau connaître cet épisode de l’Histoire, je n’en demeure pas moins ému. Luc ressentait cette joie qu’il éprouvait lorsque quelqu’un se laissait toucher par la grâce. Antoine aussi était ému. Il enviait l’élan de Tandy, capable de brûler ses arrières pour suivre Jésus. Il se demandait s’il en aurait le courage, sans perdre le nord pour autant. Le sociologue tapi en lui gardait une distance critique, bien que son cœur avait soif de certitudes. Son esprit vif était entraîné à déceler les jeux du pouvoir. Avant de se décider, il devait en avoir le cœur net.
Nathania Clark

Luc se méfiait des beaux discours, des démonstrations creuses et dépourvues de vie. Il aspirait à voir le Royaume de Dieu se révéler dans des actes concrets. Il comprenait, en cet instant, que sa juste aspiration l’avait parfois empêché de reconnaître qu’une intelligence vivifiée par l’Esprit devenait une arme puissante contre l’ignorance et les traditions mortes.
Bientôt la voix de Jean Calvin se tut. Un silence suivit ses paroles. Puis un moine s’adressa aux prédicants de sorte que toute l’assemblée puisse l’entendre:
– Je reconnais et confesse que j’ai été longtemps abusé, en croyant servir Dieu et suivre ses commandements, même vivre en état de perfection, comme on m’avait donné à l’entendre. Mais j’ai été serviteur des hommes et non pas de Dieu; j’ai gardé leurs traditions et commandements. Mais maintenant, j’ai entendu la vérité: qu’il faut se tenir à Jésus seul, en lui seul se fier et s’arrêter à sa parole, sans prendre autre règle ni ordonnance que celle de Jésus, sans prendre autre chef ou conducteur et sauveur de nos âmes que lui seul, qui est notre justice, sanctification et rédemption, et qu’il n’y a point d’autre satisfaction ni purgation pour la rémission des péchés que lui, qui par son sacrifice, nous a rendus agréables à Dieu le Père. Ainsi je confesse que je veux vivre et mourir suivant sa sainte Parole et selon l’Evangile, en demandant pardon à Dieu de tout ce que j’ai fait, dit et enseigné contre son honneur et sa Parole.
A peine eut-il confessé sa décision que les Réformés en liesse accueillaient Frère Tandy, à bras ouverts, au grand dam des papistes. Guillaume Farel éleva une prière de reconnaissance pour cet homme qui choisissait de suivre le Christ plutôt que son ordre.
– A partir de maintenant, dit le portier, les choses vont changer. Jean Tandy vient de faire une brèche dans le mur de l’opposition sans même s’en rendre compte. Pardonnez-moi, jeunes gens, j’ai beau connaître cet épisode de l’Histoire, je n’en demeure pas moins ému.
Luc ressentait cette joie qu’il éprouvait lorsque quelqu’un se laissait toucher par la grâce. Antoine aussi était ému. Il enviait l’élan de Tandy, capable de brûler ses arrières pour suivre Jésus. Il se demandait s’il en aurait le courage, sans perdre le nord pour autant. Le sociologue tapi en lui gardait une distance critique, bien que son cœur avait soif de certitudes. Son esprit vif était entraîné à déceler les jeux du pouvoir. Avant de se décider, il devait en avoir le cœur net.

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