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La dispute, Episode 5: La Cène, un débat d’actualité

Les étudiants s’étaient lancé le défi de poursuivre leur découverte en relisant les actes de la Dispute de Lausanne. Antoine oubliait le cadre studieux de la bibliothèque pour se replonger dans l’ambiance passionnée du débat de 1536. En revanche, Luc finissait par se lasser. Il avait néanmoins hâte de repasser les portes du temps. Mais quelle ne fut leur déception quand, le jeudi suivant, ils ne le trouvèrent pas. Abattu, Antoine se demandait s’il avait rêvé et s’en voulut de compter parmi les croyants assez puérils pour tomber dans les pires traquenards. Il aurait pu passer cette faiblesse à Luc qui croyait aux miracles et même au retour du Christ, mais pas à lui-même! Agacé, Luc ignorait ses piques lorsque que son regard s’arrêta sur une reproduction d’un tableau de François Bocion. – Le gredin! Notre hôte s’est habilement caché dans la toile. Regarde! Comme ils regardaient de plus près, les garçons reçurent une légère tape sur l’épaule. Ils se retournèrent et se trouvèrent en pleine Dispute. Le portier, espiègle, leur souriait. – On débat depuis des heures au sujet de la Cène, dit ce dernier. – Croire que le pain et le vin se transforment en chair et en sang, c’est un peu glauque, non? renchérit Antoine. – Et pourtant ce qui se joue ici, c’est l’opposition entre une tradition largement acceptée dans l’Eglise et la Parole, redécouverte dans sa simplicité et à la lumière de l’Esprit, répondit le portier. – Cet enjeu-là est très actuel, n’est-ce pas? demanda Luc. – Et il le restera jusqu’à la fin. Souvenez-vous que Paul a écrit: «Prenez garde que personne ne vous séduise par les arguments trompeurs et vides de la sagesse humaine: elle se fonde sur les traditions des hommes, sur les forces spirituelles du monde, et non sur le Christ.» (1) – Au moins, dans nos Eglises évangéliques, nous sommes à l’abri de la tradition, fit Luc, avec un brin de satisfaction. – En es-tu si sûr, mon ami? reprit leur guide. N’avez-vous pas, vous aussi, édifié vos propres rites? L’homme a tendance à figer dans un dogme chaque inflexion de l’Esprit et parfois même de simples modes. – C’est vrai, reconnut le jeune homme. Ça donne matière à réfléchir. Au fond, la nouveauté n’est pas un rempart contre la tradition humaine... Le portier était heureux. Ses amis commençaient à comprendre.
Nathania Clark

Les étudiants s’étaient lancé le défi de poursuivre leur découverte en relisant les actes de la Dispute de Lausanne. Antoine oubliait le cadre studieux de la bibliothèque pour se replonger dans l’ambiance passionnée du débat de 1536. En revanche, Luc finissait par se lasser. Il avait néanmoins hâte de repasser les portes du temps.
Mais quelle ne fut leur déception quand, le jeudi suivant, ils ne le trouvèrent pas. Abattu, Antoine se demandait s’il avait rêvé et s’en voulut de compter parmi les croyants assez puérils pour tomber dans les pires traquenards. Il aurait pu passer cette faiblesse à Luc qui croyait aux miracles et même au retour du Christ, mais pas à lui-même! Agacé, Luc ignorait ses piques lorsque que son regard s’arrêta sur une reproduction d’un tableau de François Bocion.
– Le gredin! Notre hôte s’est habilement caché dans la toile. Regarde!
Comme ils regardaient de plus près, les garçons reçurent une légère tape sur l’épaule. Ils se retournèrent et se trouvèrent en pleine Dispute. Le portier, espiègle, leur souriait.
– On débat depuis des heures au sujet de la Cène, dit ce dernier.
– Croire que le pain et le vin se transforment en chair et en sang, c’est un peu glauque, non? renchérit Antoine.
– Et pourtant ce qui se joue ici, c’est l’opposition entre une tradition largement acceptée dans l’Eglise et la Parole, redécouverte dans sa simplicité et à la lumière de l’Esprit, répondit le portier.
– Cet enjeu-là est très actuel, n’est-ce pas? demanda Luc.
– Et il le restera jusqu’à la fin. Souvenez-vous que Paul a écrit: «Prenez garde que personne ne vous séduise par les arguments trompeurs et vides de la sagesse humaine: elle se fonde sur les traditions des hommes, sur les forces spirituelles du monde, et non sur le Christ.» (1)
– Au moins, dans nos Eglises évangéliques, nous sommes à l’abri de la tradition, fit Luc, avec un brin de satisfaction.
– En es-tu si sûr, mon ami? reprit leur guide. N’avez-vous pas, vous aussi, édifié vos propres rites? L’homme a tendance à figer dans un dogme chaque inflexion de l’Esprit et parfois même de simples modes.
– C’est vrai, reconnut le jeune homme. Ça donne matière à réfléchir. Au fond, la nouveauté n’est pas un rempart contre la tradition humaine…
Le portier était heureux. Ses amis commençaient à comprendre.

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