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L’Église accorde-t-elle trop d’importance à Israël?

Israël est un des sujets sur lesquels les avis et les enseignements divergent. Deux figures évangéliques francophones engagées expliquent leur approche
Claude Bæcher

NON
Historiquement, l’Église a eu besoin de révélations pour grandir et rentrer dans sa maturité, dans sa complétude. À chaque étape, elle pensait avoir toute compréhension des choses et beaucoup refusaient «le vin nouveau» qui demande des outres bien souples et non raidies.
Dieu veut que nous regardions à ses plans et que nous préparions «le chemin du Messie», le Roi de gloire venant régner à Jérusalem. L’Église a le devoir de sortir de sa réserve sur le sujet d’Israël «pesant lourdement sur les nations»
et de soutenir le peuple choisi de Dieu clairement et publiquement. En se focalisant trop sur Israël, on a un discours trop politique ; mais l’inverse existe aussi et on est alors dans la désobéissance.
–CREDIT–
Lors de la Deuxième Guerre mondiale, l’Église s’est tue et les nations dites chrétiennes ont refusé en bloc de recueillir les Juifs d’Europe menacés de destruction. La tragédie de la Shoah a été le miroir de notre manque total de charité. Aujourd’hui, Israël se trouve une nouvelle fois isolé et en danger. Les prophéties s’accomplissent disant que toutes les nations s’associeront contre lui à la fin des temps (Zach.12, 3).
L’accomplissement des prophéties concernant le retour du Peuple juif sur sa terre se poursuit d’une manière saisissante : les «ossements desséchés» d’Ézéchiel 37 sont devenus une armée. Israël est devenue en l’espace de cinquante ans une nation remarquable qui domine sur ses ennemis. Le plan de Dieu se déroule sous nos yeux de manière magistrale et nous devons y participer, même si ce n’est pas encore parfait ou complet.
L’Église doit faire plus, dans le domaine de l’enseignement. Elle doit monter «sur les murailles de Jérusalem», pour intercéder, prier et agir en faveur de Sion. Nous devons proclamer la réalisation de la dernière étape, celle d’une complète restauration d’Israël que Dieu va utiliser pour toucher l’Humanité entière.
Gérald Fruhinsholz, Jérusalem, pasteur

OUI
Par rapport au royaume de Dieu prêché et inauguré par Jésus le Messie d’Israël et le Sauveur du monde, on parle trop et généralement trop mal de la nation moderne d’Israël. Chez certains chrétiens évangéliques, il y a quelque chose de l’ordre de la pensée magique, avec une notion de bénédiction et de malédiction. L’insistance est révélatrice de l’impact d’une seule école d’interprétation qui a absolument besoin d’un rétablissement politique d’Israël, c’est l’école dispensationnaliste. Elle paraît «biblique», plausible pour l’imaginaire et attrayante pour l’angoisse humaine, car elle ajoute à l’espérance chrétienne des événements supplémentaires à la
venue en gloire du Messie Jésus.
Ce courant de pensée perçoit les Arabes, dont nombre de chrétiens, avec plus de distance que le reste des hommes. Il expose des chrétiens à l’hostilité, non à cause du témoignage rendu au Christ, mais à cause de leur association aux intérêts d’une puissance qui commet nombre d’injustices et à un jeu idéologique et
politique (trop) humain. De cela, pensons-nous, il faudra rendre compte.
S’il faut parler d’Israël, c’est pour corriger le tir, car il n’est pas question dans tout le Nouveau Testament, à part si on veut vraiment le voir, d’une restauration de l’entité politique d’Israël, mais d’un règne universel par le peuple fidèle au Christ, composé de Juifs et de non-juifs depuis la première Pentecôte.
Dans le monde d’après 1948, il est d’autant plus important que les chrétiens ne se trompent pas d’Israël et de
Jérusalem. On ne compense pas une injustice (le peu de réactivité lors de la Shoah) par d’autres injustices.
Claude Bæcher, professeur de théologie au Cefor

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Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Mars 2008 – Hors-série 60 ans Israël

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