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Jacques Ellul a montré la voie

Le penseur protestant continue à déployer son influence, même si c’est dans le sens d’une distance critique vis-à-vis des évolutions de la société
Christian Willi

La référence à Jacques Ellul est fréquente lorsqu’on aborde l’engagement citoyen. Une vaste biographie, une analyse et une critique confessante de la société et de l’Église protestante ont inspiré maintes vocations et travaux.
Jacques Ellul était plus barthien qu’évangélique sur le plan théologique. «Mais il avait en commun avec le mouvement évangélique cette critique d’un protestantisme qui s’accommodait ou se fondait avec la modernité», explique Neal Blough, professeur d’histoire de l’Église à la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-sur-Seine.
Sa force était indéniablement son analyse de la société et les réponses ou interpellations théologiques qu’il offrait. Son apport avait une dimension prophétique. Dès les années 50, il a par exemple affirmé que la technique finirait par asservir l’individu et la société, contrairement aux espoirs qu’elle suscitait.
–CREDIT–
Que retenir de Jacques Ellul?
Neal Blough pense que l’enseignement que les évangéliques devraient retenir de Jacques Ellul, c’est avant tout sa posture d’analyse théologique face à la société: «Plutôt que de répéter des vérités doctrinales hors contexte dans un langage hermétique, nous ferions mieux de comprendre le monde dans lequel nous vivons et chercher à apporter du constructif en fonction». Sociologue et auteur de plusieurs ouvrages sur la présence chrétienne dans la société, Frédéric De Coninck renchérit en disant que, pour rejoindre Monsieur Tout-le-Monde, il faut faire sienne ses questions et ses préoccupations: «Dans une perspective missiologique, tout travail religieux doit nous ramener à la vie quotidienne». Pour Frédéric De Coninck, c’était la force de Jacques Ellul et c’est déjà ce que faisait le Christ. Mais, relève le sociologue, Jacques Ellul avait privilégié une approche individuelle : «Il lui manquait une approche ecclésiologique.»
Pour Neal Blough, un manque est à reprocher aux évangéliques ces dernières décennies : celui de n’avoir pas pris suffisamment au sérieux l’incarnation du message évangélique. C’est peut-être une réaction au protestantisme libéral. Mais chaque fois que les chrétiens vivent l’Évangile en réponse aux problèmes de société, les effets sont indéniables. Et de citer concrètement l’exemple des banlieues, où les Églises peuvent être des modèles de multiculturalisme vécu concrètement, dans le respect.
L’écologiste José Bovet et bien d’autres ont lu Ellul. Les écrits de ce dernier ne sont sans doute pas étrangers à leur engagement citoyen. Neal Blough considère que la lecture d’Ellul permet d’éprouver sa posture face à la société.
Christian Willi

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Mai 2008

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