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«Il faut un vrai parti chrétien pour mener une action d’envergure»

Patrick Giovannoni , président du Parti Républicain Chrétien, se confie en marge de la publication de la charte des valeurs de son parti
Xavier Tracol

Votre charte des valeurs se réfère à des valeurs judéo-chrétiennes. Comment envisagez- vous de les promouvoir, puis peutêtre de les faire appliquer dans une société où la liberté individuelle est si essentielle?
La meilleure façon de promouvoir les valeurs judéo-chrétiennes est de mettre en exergue le témoignage de ceux qui les appliquent et de gouverner par l’exemple. Leur application n’est pas notre but immédiat, car il faudra au préalable réaliser un long travail d’explication auprès de
la population française. Notre projet est donc bien de corriger les valeurs dans la durée et non de les imposer. Le PRC veut changer le visage de l’État et lui apporter une dimension humaine. En effet, les institutions sont devenues complexes au point d’être inintelligibles pour l’individu moyen. Nous considérons que la politique doit être un lien entre les hommes et non une affaire de gestionnaires égocentriques.
–CREDIT–
En faisant de la famille et de l’éducation vos
chevaux de bataille politiques, qu’espérezvous
changer en France concrètement?
À l’origine, l’État a été créé pour que les
citoyens puissent réaliser ensemble ce
qui ne l’était pas sur le plan individuel.
Aujourd’hui, la situation est inversée et
les serviteurs sont devenus
les patrons.
N’est-il pas absurde,
par exemple,
que l’État ait imposé
un système
éducatif sans
en référer aux
parents ? Il n’est
donc pas étonnant
d’assister à l’abandon
du rôle éducatif
dans les familles
et de l’apparition
d ’ u n e
culture
d ’ a s –
sistanat. Par ailleurs, si l’État était une
entreprise privée, il aurait été placé en
cessation de paiement depuis longtemps.
La dette publique et la situation
financière du pays sont très
inquiétantes.
En appelant à «faire de la politique
autrement», rejetez-vous la tradition et
le système politiques français actuels ? La
société dans son ensemble reconnaît qu’il
y a un malaise politique profond. Le PRC
appelle à rejeter le clivage gauche/droite
pour l’unique raison que celui-ci n’a aucun
sens. Le véritable clivage est celui qui distingue
d’un côté la pensée humaniste, qui
met l’homme au premier plan, et de l’autre
la pensée chrétienne, qui donne la première
place à Dieu.
Que répondez-vous à ceux qui pensent
qu’un parti chrétien ferait plus du lobbying
que de l’action politique? Notre volonté
première était de nous faire entendre par la
création d’un lobby, dans le sens de groupe
de réflexion et non de pression. Mais les
associations chrétiennes déjà existantes ne
sont pas connues du grand public, des médias
et de nos institutions. La seule manière
de faire entendre sa voix est de briguer un
mandat politique.
Le PRC n’est pas pour autant un parti
«confessionnel». Si sa philosophie politique
est fondée sur la Bible, il est mené par
des chrétiens et des non-chrétiens. Un parti
confessionnel voudrait convertir et rendre
ses membres parfaits selon des normes religieuses.
Notre vision est tout autre, puisque
nous nous concentrons sur des valeurs.
Pourquoi ne pas avoir opté pour un
engagement personnel chrétien dans un
parti existant? C’est déjà le cas de nombreux
chrétiens. Je suis persuadé qu’aucune
action d’envergure n’est possible pour
un chrétien dans ces partis. Je regrette
d’ailleurs que certains d’entre eux, dont le
courage et la persévérance méritent d’être
salués, ne viennent pas comme d’autres
l’ont déjà fait, renforcer nos rangs pour
être tous unis autour d’un projet commun
et gagner ainsi en efficacité.
Un parti musulman pourrait exister sur le
mode du PRC . De tels partis ne tendent-ils
pas à aviver les tensions communautaristes ?
Il existe déjà des partis confessionnels tel le
Parti des Musulmans de France (PMF), qui
ne jouit plus d’une grande visibilité. Nous
devons être vigilants devant la montée de
ces partis qui mêlent politique et désir de
conversion, car ils s’enracinent dans des
frustrations identitaires et communautaires.
Et l’islam confond souvent ces deux
objectifs.
N’ayons pas peur de créer un parti chrétien
par crainte d’une réaction islamique
parallèle. Comment deux à six millions de
personnes pourraient effrayer soixante millions
de Français dont 60 à 70% se reconnaissent
chrétiens ? En outre, notre action
révélera peut-être ces mouvements identitaires
mais ne les créera pas : ils existent
déjà dans les coeurs et dans les têtes.
Quel est votre avenir immédiat, notamment
dans cette année électorale ? Le PRC ne participera
d’aucune manière aux prochaines
élections et nous n’appellerons pas à voter
pour ou contre certains candidats.
Au PRC, nous déplorons l’absence de
débats sur l’état financier de notre pays. Ce
sera un sujet phare que nous développerons
dans notre programme du premier trimestre
2007. Nous pouvons d’ores et déjà dire
que le PRC participera aux élections municipales
de 2008 et aux européennes de
2009. L’échéance de 2012 est possible,
mais aucune décision n’a encore été prise
à ce sujet.
PROPOS RECUEILLIS PAR XAVIER TRACOL

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui -Janvier 2007

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