C’est un début d’année marqué par les hommages: aux victimes des attentats, à Mitterrand, à Michel Delpech, à Galabru, à David Bowie, à Balavoine… Sans doute est-ce juste de saluer la mémoire de ces gens ou de nous souvenir des actes barbares perpétrés contre des jeunes, des anonymes. Sans doute aussi est-il plus facile d’honorer le passé que d’entreprendre l’avenir. Mais l’unité émotionnelle de tribus admiratives ne fait pas une unité nationale durable.
Pas plus que focaliser l’attention du public sur le salaire d’une journaliste vedette, de l’âge canonique d’un animateur de télé ou de l’identité du fils d’une ancienne ministre. Voilà de quoi nous abreuvent les médias dont la mission est de pointer l’essentiel! C’est dans cette lucidité timide du formatage des consciences et de l’embrumisation des intelligences qu’est diffusée, modestement, la nouvelle situation de la persécution des chrétiens dans le monde. Mais les échos dans la presse séculière et sur les chaînes multiples resteront faibles. Aucun hommage pour ces milliers de personnes de l’ombre tombées parce qu’elles confessaient Jésus-Christ. Aucune rétrospective pour faire connaître le courage de ces victimes qui se réclament de lui.
Faut-il encore dénoncer cette injustice et cette lâcheté? Certainement! Mais il ne faut pas s’attendre à ce que les faiseurs d’opinions molles se penchent sur le sort de chrétiens qui prient encore pour leurs bourreaux avant de rejoindre leur Seigneur. Par contre, il serait indécent de la part de nos Eglises, encore libres de se rassembler, d’oublier qu’à quelques heures d’avion, des chrétiens sont emprisonnés, maltraités, violés, massacrés parce qu’ils lisent la Bible - la même que celle que nous n’apportons plus au culte - et parce qu’ils confessent un nom que nous chuchotons pour respecter une laïcité militante de notre société antireligieuse. L’aveugle-ment stratégique des dirigeants est grave, mais l’aveuglement des chrétiens occidentaux sur la guerre menée à l’encontre de la foi chrétienne est un acte coupable. Jésus reste le plus grand des persécutés. Sachons quant à nous lui rendre hommage.

Hugues Not

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui février 2016

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