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«Hallelujah», de Leonard Cohen

© Alliance Presse
Chaque mois, Jonathan Hanley nous partage l'histoire d'un hit musical qui est entré dans l'histoire.
Jonathan Hanley

Elle sert souvent de bande-son pour des mariages ou des enterrements. Elle comporte plus de trente répétitions du mot «Hallelujah», alors qu’elle affirme: «L’amour n’est pas une marche triomphale, mais un Alléluia froid et brisé». La chanson apparaît sur la bande originale du film d’animation Shrek, mais a été popularisée par la mort tragique de Jeff Buckley par noyade à l’âge de trente ans. Les évocations spirituelles ne s’arrêtent pas au titre. Les références bibliques abondent, comme dans de très nombreux textes du compositeur Leonard Cohen, né Juif, sans vraie pratique religieuse pendant une grande partie de sa vie, devenu moine bouddhiste zen en 1996.
Cette chanson tourne depuis trente ans, et les tentatives d’interprétations ont été nombreuses. Leonard Cohen lui-même a cherché à en atténuer la portée religieuse. Il n’en demeure pas moins que le morceau commence et se termine avec l’évocation du psalmiste qui se présente devant Dieu.
David est décrit comme artiste-adorateur «perplexe» à la première strophe, alors que dans la dernière, il est décrit comme un prévenu devant son juge, le «Seigneur du chant», à qui il confesse l’échec de sa vie. Entre ces deux extrémités, sa passion pour Bath-Schéba sert de toile de fond à une lamentation sur l’incapacité humaine à aimer, à adorer et à trouver la lumière.
Il ne faudrait pas pour autant l’interpréter comme une caution contre l’amour adultère. Ce serait prêter à la chanson une morale que Cohen réfute. Toutefois, en connaisseur de la Bible, il n’a jamais nié la proximité symbolique de l’amour humain avec l’amour divin. Les amoureux aimeront de manière incomplète. Les artistes seront tiraillés par le désir de toujours mieux dire l’ineffable. Et le fidèle peinera à dire son adoration du divin. La chanson dans son ensemble peut donc être entendue comme un rappel que, dans sa fragilité, l’être humain déchu n’a d’autre issue que de crier son «Alléluia» vers Dieu. Et le chrétien, comme David, sait que cet Alléluia sera entendu.

Jonathan Hanley

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Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui janvier 2016


Les paroles de «Hallelujah»

On m’a parlé d’un accord secret
Que David jouait pour plaire au Seigneur

Mais la musique t’intéresse peu, n’est-ce pas?

L’air se joue comme ça: la quarte, la quinte

L’accord mineur tombe et le majeur s’élève

Le roi perplexe qui compose l’Alléluia

Alléluia, Alléluia, Alléluia, Alléluia…


Ta foi était forte mais tu manquais de preuves

Tu l’as vue au bain sur la terrasse

Sa beauté et le clair de lune t’ont renversé

Elle t’a lié sur une chaise dans sa cuisine

A brisé ton trône et coupé tes cheveux

Et de tes lèvres elle n’a tiré qu’un mot : Alléluia (…)


Mon amour, je suis passé par là

Je connais cette pièce et j’ai foulé ce sol

Je vivais seul avant de te rencontrer

J’ai vu ton drapeau sur l’arc de triomphe

Or, l’amour n’est pas une marche triomphale

Mais un Alléluia froid et brisé (…)


J’ai fait de mon mieux. C’était pas grand-chose.

À défaut de sentir, j’ai voulu toucher
C’est la vérité. Je ne t’ai pas menti.
Et même si tout s’est mal terminé
Je me tiendrai devant le Seigneur du chant

Avec un seul mot sur mes lèvres : Alléluia (…)

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