Faut-il annoncer le Christ aux Juifs?
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Le vingtième siècle a vu dans les Églises officielles, Vatican en tête, un revirement dans l’attitude vis-à-vis du Peuple juif, reconnu, réhabilité, théologiquement, aussi. L’ancienne liturgie qui comprenait une prière pour que «Dieu enlève le voile du cœur des Juifs» a été marginalisée depuis Vatican II. On considère que les Juifs ont leur propre alliance avec Dieu.
Dans le milieu évangélique, attaché plus que les autres à l’évangélisation, les avis divergent. L’association Ebenézer, active dans le rapatriement, a été critiquée pour avoir signé un accord de renonciation au prosélytisme. La démarche a peut-être été rendue nécessaire pour pouvoir collaborer avec l’Agence juive ; en effet, les autorités juives sont particulièrement virulentes sur ce sujet, car l’assimilation (conversion) a été, dans l’histoire, une des armes des pouvoirs européens contre les Juifs. L’un des pionniers d’Eben-ezer, Steve Lightle, lui-même juif, défend son approche : les Juifs «reconnaîtront le Christ une fois revenus sur leur terre, c’est la promesse de Dieu – qu’il renouvellera alors son alliance avec eux».
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À l’autre extrême, on trouve l’association «Juifs pour Jésus» qui opère dans l’évangélisation classique, mais avec un argument de poids: Juifs, Arabes et Occidentaux annoncent ensemble le Christ. Son directeur international actuel David Brickner, encore un Juif, a des mots très durs : «Les vrais chrétiens sionistes sont des évangélistes impénitents aux yeux des Juifs. Les autres ne sont que des imposteurs.»
Le département «évangélisation des Juifs» du comité de Lausanne croit au témoignage auprès du Peuple juif. Son argument est simple: «L’idée qu’il y aurait deux alliances, une pour les Juifs, une autre pour les chrétiens, ne tient pas. Cela revient à la théologie du remplacement».
Sur le terrain, l’organisation «Juifs pour Jésus» indique avoir demandé à tous ses missionnaires quel contact avait été le plus déterminant dans leur cheminement vers le Messie ; en majorité, c’était le témoignage d’un non-Juif. En Israël aussi, beaucoup de Juifs entendent pour la première fois parler de Jésus par des non-Juifs. (JR)
Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Mars 2008 – Hors-série 60 ans Israël
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