Le Centre de contrôle était une grande bâtisse à l’aspect rébarbatif, nichée sur un éperon rocheux. Grâce à Ariel et à son réseau de connaissances, ils accédèrent facilement au directeur du centre. C’était un ange banal, de la série X 2356, prototype exact du parfait fonctionnaire. Rien ne dépassait, ni dans sa tenue ni dans son esprit. Il les accueillit avec la froide indifférence de ceux qui se savent supérieurs.
– On m’a dit que vous aviez un problème, de quoi s’agit-il?
Arthur ouvrait la bouche pour répondre, mais Ariel lui écrasa le pied d’un coup de talon et répondit:
– On recherche un éventuel dysfonctionnement sur la Terre. Avez-vous observé quelque chose de ce genre?
– Mais il n’y a que ça! L’étonnant serait que quelque chose fonctionne sur cette planète!
– Faut pas exagérer quand même! fit Arthur vexé.
– Vous voulez des exemples? Prenez les guerres! Il y en a partout. Ou alors la pauvreté, la malnutrition, les flux migratoires incontrôlables; et la violence, le racisme, la corruption, la débauche, l’intégrisme, le terrorisme, l’épuisement des matières premières, les catastrophes naturelles, la pollution…
– Ça va, ça va, on a compris le sens général! l’interrompit Arthur agacé. On connaît ces problèmes, mais ce n’est pas cela qui nous intéresse. Nous aimerions connaître la raison pour laquelle la foi se meurt.
– La foi se meurt sur la Terre? Tiens donc, comme c’est curieux. Je n’avais pas remarqué.
– Vous n’étudiez pas l’évolution spirituelle des humains dans votre Centre? s’étonna Ariel.
– Pas vraiment, bredouilla le directeur, visiblement embarrassé. C’est plutôt du domaine de l’Observatoire de la foi. Il analyse l’évolution doctrinale, les dogmes, ces choses compliquées que les humains ont inventées pour parler des Maîtres. Moi je n’y comprends rien. Mais il y a un paramètre dans nos données qui pourrait vous intéresser.
Il manipula son clavier sans quitter l’écran des yeux avant de s’exclamer:
– Voilà, c’est ici! Vous avez raison. Les communications avec la Bibliothèque centrale semblent dysfonctionner. Depuis quelque temps, l’intensité du signal a baissé d’une manière préoccupante.
– La Bibliothèque centrale? questionna Arthur.
– Je t’expliquerai en route. On n’a pas de temps à perdre, suis-moi!
Ariel empoigna Arthur par le bras et le poussa vers la sortie. Etonné et vaguement offusqué par cette sortie rapide, le directeur les regarda s’en aller en maugréant.