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Du pain et du vin (Carte blanche)

Chaque mois, le Christianisme Aujourd'hui offre sa tribune libre à un acteur du protestantisme évangélique d'expression française. Ce mois-ci, la parole à Abel Felix, retraité.

Jésus a laissé un souvenir, un seul: ce n’est ni un écrit, ni un objet, mais un geste, celui de partager du pain et du vin. Est-il un geste plus simple? Mais que de discussions, de doctrines, de disputes, de divisions à ce sujet!
Pourtant, quoi de plus élémentaire que de prendre un pain et de le partager, de mettre du vin dans une coupe et de la passer entre les convives réunis autour d’une table? Mais voilà, ce n’est pas ce geste qui est essentiel de notre point de vue de croyant, c’est sa signification. Ce que Jésus a dit est très simple, mais qu’a-t-il voulu dire?
Les réponses varient entre deux extrêmes. Pour l’un, le pain que Jésus a donné était vraiment son corps, selon la parole «celui qui me mange a la vie éternelle», et le vin était réellement son propre sang, conformément à ce qu’il a dit: «Celui qui boit mon sang a la vie éternelle». Pour l’autre, le pain est une simple image du don de son corps, le vin une illustration de son sang, de sa vie offerte pour les hommes. Entre ces deux, il y a toutes les nuances du ressenti de la présence du Christ, présence symbolique, présence spirituelle, présence réelle.
Mais pourquoi Jésus n’a-t-il pas donné plus d’explications? Pourquoi, si le sens de ce souvenir était important, a-t-il laissé ses disciples courir le risque d’interprétations multiples? La porte était ouverte aux dérives, comme à Corinthe où Paul recommande qu’on discerne le corps et le sang du Seigneur.
Pour nous, aujourd’hui, la consistance subjective de ce discernement peut différer d’un chrétien à un autre. Chacun vit ce moment avec sa propre sensibilité. L’essentiel n’est-il pas d’être relié, par la pensée et par le cœur, à celui qui a donné sa vie pour nous? Le comment de cette relation est-il important?
Les premiers chrétiens ne semblent pas s’être posé de questions. Ils rompaient le pain dans les maisons, geste de fraternité, de souvenir, nous dit le livre des Actes, sans autre précision. Rien sur la fréquence, rien sur la nature du pain ou celle du fruit de la vigne. Jésus a laissé les disciples décider par eux-mêmes quand et comment mettre en pratique sa recommandation.
Pourquoi, en toute simplicité, des chrétiens de toutes origines ne se réuniraient-ils pas spontanément, n’importe quand, en laissant délibérément de côté leurs différences et leurs divergences quelles qu’elles soient? Ils pourraient méditer ensemble un passage biblique, puis prendre un petit repas en commençant par le partage d’un pain et d’un verre de vin, sans rite spécial, juste en souvenir de Jésus et pour exprimer qu’il est Celui en qui ils mettent leur confiance et à qui ils soumettent leur vie. Ce serait un moment de témoignage fraternel.
Je vois des sourcils froncés et une levée de boucliers à la lecture de cette suggestion qui a une odeur d’insurrection ecclésiastique. Qu’on se rassure, je rêve! C’est mal, de rêver?

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – février 2012

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