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Dernière récréation: Que révèlent les cartables? (8)

Marie Theulot, auteure notamment de Le plongeon interdit (éd.Ourania) et Quais d’exil (éd. Ourania) vous propose la nouvelle Dernière récréation.

Mon cartable
Mon cartable a mille odeurs
Mon cartable sent la pomme
Le livre, l’encre et la gomme
Et les crayons de couleur
La craie et le caramel
Les longs cheveux de ma mère
Les matins dans la lumière
Les billes remplies de ciel.

La poésie de Pierre Gamarra est sur toutes les lèvres. On se dispute l’estrade pour la réciter. Les postures sont gracieuses. Les yeux pétillent dans des visages tout sourire…
– Et maintenant, réveillez le poète qui sommeille en vous. Qu’est-ce qu’il y a dans chacun de vos cartables? interroge Clémence. A vos crayons! Ecrivez! Tout est permis!
En un temps record, c’est un florilège de couleurs et de fragrances, une invitation au voyage ici et ailleurs. Les cartables sentent la cannelle et la prunelle, les bonbons et les citrons, les cacahuètes et les noisettes, le vieux pommier, la menthe et l’œillet, mais aussi une maman très brillante telle une rose charmante, un papa qui fait bien rire et même une maîtresse très aimable! Clémence savoure en silence.
Il ne reste plus qu’un dernier cartable à explorer. Celui de Nicolas. Le visage est grave. La voix est claire.
– Dans mon cartable il y a des bruits de guerre qui inondent la terre, des morts qui ne verront plus l’aurore.
Clémence tressaille. Dans l’imaginaire d’un enfant de neuf ans, l’aurore, aube blanche du dernier poème appris de Victor Hugo, serait-elle liée à un destin si noir et funeste?
– C’est aussi beau que c’est triste ce que tu dis, Nicolas. Mais pourquoi tant de morts dans ton cartable?
– Maîtresse, il y en a partout des morts, dans la Grande Guerre, dans les attentats, il y en a partout!
Oublié le jeu des rimes enfantines! Evanouies les couleurs et les senteurs derrière un épais voile de tristesse. Fort heureusement sonne l’heure de la pause déjeuner.
Seule dans sa classe, Clémence se ressaisit grâce aux paroles du Psaume 112. «Celui qui craint l’Eternel ne redoute pas les mauvaises nouvelles, son cœur est ferme, plein de confiance dans l’Eternel.»
A nouveau sereine, Clémence sait que la classe retrouvera sa créativité poétique et même son insouciance. Nicolas est le premier à claironner:
– Maîtresse, j’ai oublié de dire que dans mon cartable il y a aussi des oiseaux qui font cui-cui, des gâteaux et des kiwis.

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui avril 2019

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