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Croque-mort et chrétien

Ils servent leur prochain par leur travail. Chaque mois un témoin
Joël Reymond

Il aime bien se comparer à Nicky Cruz, Jean-Daniel Damay. Du loubard devenu évangéliste à succès, ce quinquagénaire a effectivement plusieurs traits : l’enfance à la DDASS version suisse, les démêlés avec la justice, la conversion radicale, le côté brut et franc et l’audace dans le témoignage. Mais voilà, Jean-Daniel Damay est employé de pompes funèbres, depuis 21 ans. «Le Seigneur a de l’humour», repète-il souvent en évoquant son parcours.
De fait, Jean-Daniel Damay a été manœuvre de chantier puis, une fois devenu chrétien (grâce au passage de Billy Graham au palais de Beaulieu), aide-infirmier puis ambulancier. En 1974, il répond à une annonce dans la feuille locale, pour un «homme de constitution robuste, capable de s’adapter à des situations pénibles». Il pense à quelque chose comme garde du corps.
–CREDIT–
Le métier, il l’apprendra sur le tas. Un boulot d’urgentiste, à l’écoute de familles endeuillées et plus d’une fois, des situations scabreuses. Interrogé sur les pressions, le stress à gérer, ce dur à cuire balaie d’un revers de la main. «Aujourd’hui, on vous debriefe pour un rien. Nous, entre collègues, on se raconte une blague et on passe à autre chose. Plus sérieusement, chaque matin avec mon épouse, on prie pour une protection spéciale et puis j’avance dans la journée en me laissant prendre par la main, comme un enfant.»
Jean-Daniel Damay parle librement de son espérance à ses «clients». Visiblement, la reconnaissance est là. Le Suisse raconte avec émotion comment il a reçu, une année après un décès d’enfant dont il s’est occupé, un faire-part de naissance des parents. Ou comment il a réconforté une famille qui venait de perdre un père et avait prié pour un signe divin. Le signe, ce fut lui, arrivant «avec ses grands pieds», en disant : «Jésus est Seigneur !»
De nombreuses familles lui ont confié qu’elles auraient aimé l’entendre prêcher lors du culte d’ensevelissement. Du reste, Jean-Daniel n’est pas tendre avec les pasteurs, coupables à ses yeux de taire l’espérance chrétienne. «Je ne suis pas un évangéliste mais un croque-mort, sauvé par grâce», conclut-il en souriant.
(JR)

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Novembre 2008

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