Il me faut cinq petites pierres, pas trop grosses, bien lisses et bien rondes. Je devrais les trouver là, dans cette petite crique au bord du torrent, là où les hautes eaux roulent les cailloux pendant les crues de printemps.
En voilà déjà une! Elle est parfaite, elle s’adaptera exactement au cuir de ma fronde et fendra l’air avec précision et rapidité. Avec un tel projectile, l’autre a intérêt à savoir se protéger. Encore quatre!
Où est-il? Je ne le vois plus. Il était sur la colline la dernière fois que je l’ai vu. Il faut que je fasse attention à ne pas me laisser surprendre. Je n’ai pas envie de me retrouver avec un javelot planté entre les deux épaules.
Mais que suis-je venu faire dans cette histoire? N’y avait-il pas un soldat pour s’occuper de lui? Et le roi, pourquoi ne fait-il rien? Il était bien content de me proposer son armure et de rester à l’ombre de sa tente!
Ah, voici encore une belle pierre, plus que trois! Au fait, pourquoi est-ce que je tiens tant à avoir cinq pierres dans ma gibecière? De toute manière, je n’aurai probablement pas le temps d’en lancer plus d’une ou deux. Après, il sera sur moi et là… Ce n’est pas mon bâton qui va l’arrêter. Son épée est presque aussi grande que moi!
–CREDIT–
Je compte sur l’Éternel! C’est ça que je dois me dire, c’est ça l’important! J’ai besoin de Dieu et de cinq petites pierres, c’est tout!
Mon Dieu, je sais que tu peux le faire. Tu peux me rendre victorieux. Je le sais, mais j’ai peur, tu n’as pas idée ! Je ne veux pas mourir aujourd’hui, je suis trop jeune. Viens à mon secours! Pourquoi ai-je pensé que je devais aller combattre ce géant? Tu avais certainement une autre solution. C’est du délire! Il est trop tard pour changer d’avis. Tu es mon seul espoir, le seul espoir de ton peuple. Tu es Dieu, le Dieu d’Israël, alors secours-nous, délivre-nous des mains de ce Philistin!
Du bruit? Il arrive! Vite, encore une pierre! C’est bon, pas de panique! Où est-il? Si je grimpe sur ce talus, je devrais le voir. Mon Dieu, mais il est immense! Qu’est-ce qu’il dit? C’est moi qu’il insulte? Je ne comprends rien à son charabia, mais je suis sûr qu’il se moque de moi et de toi, Seigneur.
Une pierre, je n’ai droit qu’à une pierre. Seigneur guide ma main! Je n’ai aucune chance contre ce guerrier, mais pour toi, ce n’est pas un problème. J’ai tué des ours, j’ai même tué des lions, mais je n’ai jamais tué un homme et surtout pas un géant. Alors, mon Dieu, fais-le pour moi et pour ton peuple.
Une petite pierre, juste une petite pierre, là, entre les deux yeux…
Pierre-Yves Zwahlen

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Novembre 2008

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