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Carte blanche: sommes-nous homophobes?

© Alliance Presse
Chaque mois, le Christianisme Aujourd'hui offre une tribune libre à un acteur du protestantisme évangélique d'expression française. La parole à Philippe Auzenet, de l'association Oser en Parler.

En tant que croyants, évangéliques qui plus est, ne soyons pas surpris d’être taxés d’homophobes. Car même si cette accusation procède d’une surenchère langagière, elle reflète encore trop souvent le fait que nous avons, dans nos rangs, une perception confuse de l’homosexualité.
Il aurait été fort pratique que les récits des Evangiles relatent une rencontre entre Jésus et une personne homosexuelle. Ce qui n’est pas le cas. Nous savons en revanche ce que le Christ a dit à la femme adultère: «Où sont ceux qui t’ont accusée? Personne ne t’a donc condamnée? Je ne te condamne pas non plus. Va et ne pèche plus!»
Tout au long de son ministère, Jésus s’est montré plein de bienveillance et de compassion envers les pécheurs, dont les prostituées. On peut en déduire qu’il aurait eu la même attitude avec toutes les personnes concernées par des dépendances sexuelles: homosexualité, bisexualité, pornographie, etc.
Cette compassion fait aujourd’hui cruellement défaut aux chrétiens, dont le réflexe se limite trop souvent au repli sur les seuls passages condamnant l’homosexualité. Il en découle un discours définitif, avec des «vérités» telles que «un chrétien ne peut pas être homosexuel, les homosexuels ne devraient pas exister, etc.»
Pourtant, Jésus n’a-t-il pas annoncé une ère nouvelle, où toute personne reconnaissant son péché serait graciée? N’a-t-il pas dit que les prostituées, certes repentantes, nous précéderaient dans le Royaume des cieux?
Reconnaissons-le: l’homophobie est bien trop répandue au sein du protestantisme évangélique. Et elle est particulièrement dure. Elle constitue même un obstacle pour que les personnes homosexuelles découvrent le message du salut. En effet, si l’Eglise les juge avant même qu’elles aient franchi le seuil de sa porte, elle leur enverra le message d’une communauté réservée aux seuls chrétiens parfaits. Un jour, nous serons conduits à demander pardon aux personnes homosexuelles pour nos déclarations offensantes.
A contrario, toute prise de position ne peut être qualifiée d’homophobie. Ainsi, il est du droit des chrétiens de s’opposer au mariage pour les couples gays, dont les revendications remettent en cause la définition et les fondements mêmes du mariage. Ne mélangeons pas torchons et serviettes: s’opposer au mariage gay, ce n’est pas être homophobe.

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – décembre 2012

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