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Banquier, Suisse et chrétien: incompatible?

© Alliance Presse
Accusée d’avoir organisé de façon systématique l’évasion fiscale, la place financière suisse subit des attaques à la fois politiques et juridiques. Est-il encore possible d’être gestionnaire de fortune, Suisse et chrétien, sans y laisser son âme ?
Christian Willi

Si vous passez vos vacances aux Etats-Unis cet été, vous n’y croiserez pas beaucoup de banquiers suisses. Exposés à des poursuites judiciaires pour peu que leur nom apparaisse sur une liste fournie aux autorités américaines, ils ne prendront pas le risque de se jeter dans la gueule du loup.
Yves* est gestionnaire de fortune à Lausanne. Depuis un peu plus d’un an, sa banque lui fait régulièrement signer de nouveaux documents lui transférant la responsabilité juridique pour les clients démarchés à l’étranger. Dans le même temps, sa hiérarchie fixe chaque année des objectifs plus élevés en matière de nouveaux fonds sous gestion. Dans ce contexte, Thierry*, gestionnaire de fortune pour une grande banque, analyse que certains banquiers peuvent être tentés de fermer un œil sur la provenance des fonds.
Pierre-Yves Lécureux, directeur d’Erfisa, société de gestion de fortune et de conseils financiers, admet que les moutons noirs existent et qu’ils méritent d’être sanctionnés. Tout comme Daniel*, cadre supérieur d’une banque cantonale, il récuse toutefois l’accusation de politique généralisée. Certes, «dans le passé, un démarchage de clientèle étrangère systématique existait, avec sans doute la conscience que les clients ne déclaraient pas leurs avoirs. Les banques l’ont cependant fait en conformité avec le droit suisse de l’époque», analyse Pierre-Yves Lécureux.
«De facto, le secret bancaire n’existe plus. Les nouvelles réglementations prévoient qu’un client accepte aujourd’hui que les informations le concernant puissent être transmises». Un gestionnaire de fortune ne peut plus accepter de nouveau client sans s’assurer de la provenance des fonds et que ceux-ci soient déclarés sur le plan fiscal. «Les banques suisses sont depuis plusieurs années déjà un exemple en matière de lutte contre le blanchiment d’argent sale», renchérit Daniel. Tous deux saluent un «nettoyage» de la place financière suisse et restent confiants sur les atouts de ladite place : qualité du conseil et sécurité.

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