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Au travers la persécution, c’est le Christ qui est visé

Ronald Boyd McMillan a étudié l’Église persécutée pendant trente ans. Interview en marge de la publication de sa synthèse (À toute épreuve, Éd. Excelsis)
Joël Reymond

L’histoire de l’Église persécutée s’est souvent focalisée sur les récits de martyres ou de délivrances miraculeuses. À tort, selon vous. Mais n’est-ce pas là le reflet des récits bibliques?
Non, pas vraiment. L’Ancien Testament est consacré à deux événements majeurs de l’histoire d’Israël, la délivrance et l’exil. Toute la gamme de la vie religieuse y apparaît, la joie et le secours divins, la souffrance et la déception vis-à-vis de Dieu. Les deux sont décisifs dans notre relation avec Dieu. Nous apprenons tout autant en temps d’exil, quand Dieu semble inactif, que lorsqu’il nous délivre.
Cet équilibre, on le retrouve dans le Nouveau Testament. J’aime l’idée que la Bible n’hésite pas à parler des hauts et des bas de ceux qui ont suivi le Christ. La persécution religieuse a ceci en commun avec la Bible qu’elle raconte l’histoire de l’Église persécutée du point de vue de Dieu. C’est Dieu qui est le héros de l’histoire et non des hommes et des femmes. Un responsable chinois m’avait dit: «N’oubliez pas que pour chaque histoire de délivrance, il y a un millier de situations de persécution.»
Nous avons besoin de voir comment Dieu agit à travers l’adversité. L’omettre, c’est oublier ce que Dieu a fait parmi ceux qui sont persécutés. Et c’est là que réside tout l’enjeu: nous avons tous la capacité d’endurer la persécution.
–CREDIT–
Quel est le réel fossé entre l’Église libre et celle persécutée?
Il faut prendre garde aux définitions de l’une et de l’autre. Frère André aime dire que «la persécution est un honneur qui se mérite». Dans sa définition très biblique, il affirme que si vous vivez une vie radicale pour le Christ, le monde va réagir avec hostilité, car il n’aime pas le Christ. Il n’y a donc pas de différence entre l’Église libre et celle persécutée.
Je vis à Édimbourg, en Écosse. C’est un pays où règne la liberté religieuse. Mais des jeunes musulmanes qui se sont tournées vers la foi chrétienne y souffrent de persécutions plus extrêmes que tout ce que j’ai vu en Chine !
À l’inverse, j’ai rencontré tout récemment quatre pasteurs à Shanghaï, qui ressemblaient furieusement à des pasteurs de Paris. Leur défi est d’aider les chrétiens à approfondir leur foi dans une société dominée par le matérialisme. Évidemment, à trente kilomètres de la ville, la situation est à nouveau très différente. Il est rare de voir toute la communauté chrétienne d’un pays être persécutée, à l’exception notoire de la Corée du Nord.
Ce sont habituellement les minorités les plus radicales qui sont confrontées à la discrimination ou à la persécution. Cette dernière doit être vue en termes théologiques. Si vous refusez d’adorer une idole, vous êtes à contre-courant et vous vous exposez aux ennuis. Les chrétiens persécutés nous disent que «la persécution est bonne, car si la société vous poursuit, vous savez que Christ est en vous. C’est un sentiment magnifique.»

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