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21 avril 2002, le choc salutaire

Deuxième volet de notre série sur les présidentielles : pourquoi les évangéliques ont longtemps boudé la politique
Christian Willi

L’intérêt des évangéliques pour la politique est récent. Dans le passé, ils étaient majoritairement au mieux abstentionnistes, au pire ouvertement critiques à l’endroit du pouvoir politique. Pour le sociologue Frédéric de Coninck, l’intérêt nouveau des évangéliques pour la politique s’explique principalement par le fait que les jeunes évangéliques ont accédé à des positions socioprofessionnelles plus élevées. «La sphère du pouvoir leur est moins étrangère, moins obscure», détaille-t-il. Pour le sociologue, la qualification de Jean-Marie Le Pen pour le second tour des dernières présidentielles, le 21 avril 2002, «a représenté pour de nombreux évangéliques un choc ; ils se sont rendu compte d’un dysfonctionnement dans la société française et qu’ils ne pouvaient pas s’en désintéresser plus longtemps.»

–CREDIT–
Majoritaires ou minoritaires
Convaincu de la nécessité pour le croyant de s’intéresser à la société, Frédéric de Coninck juge toutefois qu’une méfiance face au pouvoir est saine : «Il ne faut pas confondre le rôle prophétique de l’Église et la vie
politique». Opposé à ce qu’il qualifie de néoconstantinisme (une recherche de pouvoir par
les milieux religieux au XXIe siècle), Frédéric
de Coninck considère que «l’Église est appelée
à se prononcer sur la vie sociale. Elle devrait le
faire en particulier pour contrer le nationalisme
ou l’égoïsme économique».
En ce qui concerne le vote «religieux»,
il compare le vote des religions majoritaires
et minoritaires en
France et aux États-
U n i s . « dans la
plupart des pays du
monde, la religion
majoritaire rassemble
des personnes plutôt
conservatrices : elles sont contentes de la
société dans laquelle elles vivent et elles ne
veulent pas perdre leur statut de majorité. Les
religions minoritaires sont en revanche souvent
protestataires : elles se sentent solidaires de
tous ceux qui n’ont pas de voix dans le débat
politique». C’est à ses yeux ce qui explique
que le vote catholique en France est plutôt
conservateur alors qu’il est plutôt protestataire
outre-Atlantique. Pour le vote protestant, c’est
l’inverse. Ce qui fait dire au sociologue que
le vote évangélique est lui aussi sans doute
différent entre les deux pays.
CHRISTIAN WILLI

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Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui -Janvier 2007


Georgina Dufoix interpelle le pays sur ses racines

Georgina Dufoix, ministre des Affaires Sociales et porte-parole du gouvernement de Laurent Fabius dès 1985, a publié un document sur les élections présidentielles de 2007 diffusé par le TopChrétien. Dans sa première déclaration «politique» depuis fort longtemps, la Nîmoise interpelle la France à s’interroger sur les racines de son identité. En effet, le grand défi de la société française est, selon elle, la cohabitation avec une communauté musulmane grandissante. Georgina Dufoix appelle au dialogue avec cette communauté «qui prendra une place et une influence croissantes sur les lois par le seul fait de l’évolution démographique». Afin de pouvoir interroger la communauté musulmane sur sa vision de la liberté, de l’égalité et la fraternité si chères aux Français, ces derniers devront premièrement s’interroger sur le socle de ces valeurs. Dans sa déclaration, Georgina Dufoix donne une véritable leçon d’histoire, rappelant que les valeurs démocratiques de la France ont leur source bien avant les Lumières, dans le message biblique. Le reconnaître ne signifie pas remettre en cause la laïcité. «Jésus a prononcé une phrase essentielle pour établir notre sens de la laïcité: “Ce qui est à César doit revenir à César, et ce qui est à Dieu doit revenir à Dieu”», écrit-elle notamment. Le reconnaître est en revanche à ses yeux essentiel pour réussir à construire un avenir politique pour l’ensemble des Français. (CW)

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